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CGLU : “Cities are listening” : dialogues politiques de haut niveau : rencontre entre le groupe de travail « renforcement des institutions et des capacités » et les gouvernements nationaux et bailleurs de fonds internationaux
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Le groupe de travail de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) a pu échanger avec de nombreux acteurs des gouvernements nationaux et des institutions internationales. Les interventions ont principalement traité de l’impact de la Covid-19 sur la coopération décentralisée, la poursuite des Objectifs du Développement Durable (ODD), et le rôle des gouvernements locaux dans la réponse à la crise multisectorielle, afin d’échanger sur les besoins et attentes des différents acteurs de la coopération internationale.

Mme Emilia Saïz, Secrétaire Générale de CGLU a ouvert les débats, en rappelant les actions du groupe de travail au cours de ses 20 ans d’existence. Elle a notamment insisté sur trois activités cruciales : le renforcement des capacités des gouvernements locaux à travers le monde afin que les associations qui les représentent puissent peser auprès des gouvernements nationaux, le rôle du groupe de travail lors de la signature de l’accord de Paris sur le climat, et son rôle auprès des destinataires de l’aide au développement. En plus de ces actions, Mme Saïz a rappelé l’une des missions centrales de CGLU : porter la voix des gouvernements locaux et des associations au sein d’un réseau international, au point de devenir une véritable communauté.

M. van Zane, maire de la Haye, a ensuite rappelé que les effets pérennes de la crise seront et sont déjà ressentis le plus durement au niveau local. Afin de surmonter la crise, il sera donc nécessaire de mettre en place des politiques de décentralisation démocratique, afin de garantir des gouvernements locaux durables. Le défi de la crise, couplé à celui des ODD, nécessite une coopération accrue entre collectivités. C’est pourquoi le dialogue entre les bailleurs de fonds, et les associations et gouvernements locaux qui mettent en place des projets de coopération au niveau local est plus que jamais nécessaire.

Mme Saïz a abondé dans ce sens, rappelant que la crise va pousser environ 100 millions de personnes dans la pauvreté et que près de 250 millions d’habitants risquent de souffrir de famine ou de malnutrition selon l’ONU. En effet, elle touche inégalement les pays, frappant plus durement encore ceux dans lesquels le secteur informel prédomine.
Le plus petit dénominateur commun à nos sociétés est devenu la référence pour en mesurer la résilience : la crise sanitaire a montré la vulnérabilité des secteurs de la santé dans tous les pays, remettant la défense des services publics sur le devant de la scène. C’est notamment ce que propose le décalogue proposé par CGLU pour la période post-Covid.

Mme Sevrin, directrice de Cités Unies France a ensuite inauguré le premier panel d’interventions, interrogeant le rôle des gouvernements locaux dans la crise de la Covid-19 et son impact sur le développement et la coopération.

Elle a tout d’abord décrit l’état de la coopération décentralisée en France. Environ 6000 collectivités françaises ont des relations à l’international, comme le prévoit la Constitution, qu’elles passent par des associations telles Cités Unies France ou non. La coopération décentralisée des collectivités s’élève à un milliard d’euros par an environ. La crise de la Covid-19 a fait mentir les craintes de repli sur elles-mêmes de collectivités françaises ; au contraire, la demande d’informations et d’échanges à l’international de leur part a augmenté depuis la crise. Les budgets prévus par le gouvernement central n’ont d’ailleurs pas été abaissés, en réattribuant simplement certains crédits sur d’autres postes. De plus, la crise sanitaire a montré l’étendue de la solidarité entre collectivités : de nombreux gouvernements locaux de pays du sud ont apporté un soutien matériel et moral à leurs partenaires français, renforçant là encore les liens entre collectivités. Des informations de bon augure pour la coopération internationale en 2021 !

M. Achim Johannsen, responsable de la division “gouvernance, démocratie, Etat de droit » au sein du Ministère de la coopération économique et du développement de la République Fédérale d’Allemagne, a ensuite souligné 3 impacts majeurs de la crise lors de son intervention : la croissance des inégalités partout dans le monde, la numérisation rapide de nos économies et la pression sur les finances des collectivités, nécessitant de trouver des nouveaux financements ou en améliorant ceux existants (comme au Ghana, où la coopération entre le ministère et des municipalités a permis d’augmenter de 63% les recettes fiscales).

M. Thomas Gass, chef du département de la coopération sud de la Direction du développement et de la coopération suisse, a appelé de ses vœux un pacte social entre les gouvernements nationaux et leur population pour atteindre les ODD, estimant que l’échelon local est le mieux placé concrétiser ce souhait. Il faudra pour cela baser les actions sur 4 principes : se concentrer sur les résultats, rendre des comptes aux citoyens, faire preuve de transparence et inclure pleinement les pays bénéficiaires d’aide au développement.

Représentant le gouvernement canadien, M. Shehryar Sarwar, conseiller au sein du département gouvernance et responsabilité au sein de Global Affairs Canada, a présenté les avancées de son pays en matière d’égalité de genre, soulignant que toutes les politiques publiques prennent cette problématique en compte lors de leur élaboration. Là encore, la crise sanitaire a malheureusement aggravé les violences conjugales, poussant le gouvernement canadien à s’adapter et mettre en place des campagnes de sensibilisation et d’information à leur attention.

M. Bert Janssens a ensuite pris la parole en sa qualité de président de la section européenne et internationale de l’Association des villes et municipalités flamandes. Répondant aux craintes d’une relégation au second plan des ODD, il a rassuré l’auditoire en constatant que les objectifs d’un développement « durable » s’étaient imposés dans tous les discours politiques comme un cap moral, ce qui est plutôt porteur d’espoir. A cette note optimiste s’ajoute la volonté affichée par le gouvernement belge d’augmenter les budgets de coopération décentralisée.

Enfin, Mme Nayoka Martinez Bäckström, spécialiste des questions de développement urbain au sein de l’Agence internationale de Développement et de Coopération suédoise a clôturé ce premier panel. Elle a réaffirmé les engagements de l’Agence auprès de CGLU, qui s’étaient concrétisés par un accord signé en 2019 dans lequel elle s’engageait à soutenir CGLU à atteindre les ODD.

Le deuxième panel, modéré par M. Billy Cobbett (Cities Alliance) et centré autour des impacts de la crise sur les priorités des activités de développement et de coopération des différents acteurs, s’est ouvert par une prise de parole de Mme Shipra Narang, responsable de la branche « Pratiques urbaines » au sein d’UN-Habitat.

S’interrogeant sur un éventuel recule de la coopération internationale, du fait de la limite des mouvements physiques et de la recentralisation des décisions publiques parfois observée, Mme Narang a souligné trois points à ne pas perdre de vue dans les actions de coopération internationale : ne pas oublier la contextualisation des activités et leur ancrage dans une action locale, encourager les innovations et fonder les diagnostics et les analyses sur des connaissances et des échanges sur le terrain.

Mme Carme Gual, directrice de l’Agence Catalane pour le développement et la coopération a ensuite exposé les objectifs de son organisation, qui finance de nombreux projets de coopération décentralisée. Le budget de l’agence, qui sera probablement renforcé en 2021, permettra notamment de financer des projets de renforcement des capacités des administrations publiques, lutter contre les violences conjugales et combiner des approches promouvant les droits humains et proposant des projets économiques viables.

M. Lex Gerts directeur assistant du département « Aide humanitaire et stabilisation » du Ministère des affaires étrangères néerlandais, a ensuite rappelé la nécessité pour les programmes internationaux d’être adaptables et souples. En effet, la crise soudaine a montré que les programmes pluriannuels doivent pouvoir s’adapter rapidement aux défis problématiques internationaux. D’où la nécessité pour les acteurs de la coopération internationale d’identifier précisément ces défis, en assurant notamment l’inclusion et la confiance entre gouvernants et citoyens, en associant les acteurs de la société civile (dont le secteur privé) et les structures internationales telles que l’ONU.

Mme. Jenny Jansson Pierce, Directrice de SKL International (affiliée à l’Association des municipalités et régions suédoises), a à son tour présenté les grandes actions à l’international des collectivités suédoises. Etonnement, la numérisation forcée des actions a permis à SKL International d’élargir son public, notamment en Ukraine où, dans le cadre d’un programme de renforcement des capacités, le fonctionnement à distance a permis de rassembler plus d’élus. Toutefois, les effets néfastes de la crise se sont également fait sentir dans les actions à l’international, comme en Colombie où l’augmentation des violences conjugales pendant le confinement a poussé les collectivités suédoises à mettre rapidement en place une campagne d’information afin de les contenir.

Mme Marlène Simeon, Directrice de PLATFORMA, coalition paneuropéenne de gouvernements locaux et régionaux et associations nationales, a précisé les grandes orientations et inflexions à prévoir dans les activités de coopération et de développement de l’Union Européenne (UE). Face à la tentation de recentraliser les processus de décision au sein de l’UE, le réseau PLATFORMA a rappelé la nécessité de l’échelon local pour toute coopération de long terme. Les grandes orientations de l’UE seront connues dans les semaines à venir mais elles devraient sûrement tourner autour de la transition écologique (notamment via le « Green Deal »), la lutte contre les inégalités, la promotion des droits humains et la numérisation des économies.

Enfin, M. Hiroyuki Ito, représentant la Banque Européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a conclu ce second panel en tirant un bilan provisoire des actions menées pour le « Plan d’action Villes vertes (« Green City Action Plan ») de son organisme, un projet ambitieux regroupant 40 villes pendant 5 ans. La croissance verte est au cœur du projet, et se matérialise par des investissements importants : projets de métro, renforcement des capacités des lignes de tramway, tout en verdissant les villes par une réduction des places de parking au profit des parcs et voies cyclables, et en créant un réseau de villes pouvant échanger sur leurs connaissances et expériences en termes de transition écologique.

Peter Knip, president de VNG International et Verry Vrbanovic, trésorier de CGLU, ont conclu cette session riche en interventions. Plutôt optimiste, M. Knip a analysé la crise sanitaire comme un moyen de « faire revenir le secteur public sur le devant de la scène », rappelant les responsabilités inhérentes aux collectivités et particulièrement aux villes : écouter leurs concitoyens, leurs besoins, afin de contribuer véritablement à une reconstruction plus durable et résiliente, dans un souci d’équité et de lutte contre les discriminations, en coopérant avec le plus d’acteurs possibles, qu’ils soient issus du secteur privé, de la société civile ou des institutions multilatérales. M Vrbanovic a ensuite rappelé l’importance de la communication dans toute collaboration afin de bien identifier les besoins et les attentes des différents acteurs, encore plus lors des projets de coopération décentralisée qui incluent constamment des partenaires d’horizons diverses, soulignant par là la pertinence des dialogues politiques entre acteurs de la coopération.




Publié le 9 décembre 2020

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