L’Amérique latine et les Caraïbes (ALC) sont particulièrement soumis aux crises sécuritaires, économiques, sanitaires et environnementales ce qui conduit à fragiliser les sociétés latino-américaines. Dans cette zone, les perturbations économiques consécutives à la pandémie de Covid-19 ont renforcé les inégalités et les violences fondées sur le genre. De ce fait, la question de l’inégalité de genre constitue un enjeu important pour les politiques publiques en Amérique latine.
L’Amérique latine et Caraïbes dispose historiquement d’un solide cadre normatif régional visant à promouvoir l’égalité de genre. En effet depuis 1977, l’Agenda régional de genre « reconnaît les droits des femmes et l’égalité des genres comme des éléments centraux et transversaux de toute action de l’État ». Néanmoins, on observe une très lente avancée des politiques publiques en la matière dans la région, mettant en évidence l’important écart entre le cadre normatif régional et la réalité des territoires vécue par les femmes et les minorités de genre et sexuelles en Amérique latine et les Caraïbes. Par ailleurs, il est important de prendre en considération les fortes disparités régionales concernant le degré de vulnérabilité de chaque territoire face aux inégalités et aux violences fondées sur le genre. De plus, les inégalités et violences de genre sont également accentuées par d’autres facteurs tels que l’orientation sexuelle, l’appartenance ethnique, l’âge ou le statut de migrant.
L’organisme onusien CEPALC identifie 3 axes principaux pour réduire les inégalités et violences de genre en ALC : l’autonomisation des femmes sur le plan économique, physique et décisionnel. En effet, sur l’aspect économique, les femmes latino-américaines ont un accès moindre que les hommes à un emploi (écart de 23%), à des revenus propres (écart de 18,5%) et à un système de retraite (écart de 13,2%). [1] Concernant le manque d’autonomie physique, il se manifeste par « les insuffisances d’accès à des services de santé sexuelle et reproductive, un taux élevé de grossesses chez les adolescentes, des maternités forcées et de la violence sexuelle ». De plus, les féminicides et les violences contre les minorités de genre sont très élevés avec un taux de féminicide moyen de 1,5 pour 100000 femmes en 2023. Enfin, la dimension de l’autonomie décisionnelle se réfère au droit à accéder à des postes de représentation publique ou de direction. En Amérique latine, malgré un volontarisme politique sur ce sujet, les femmes ne représentent que 30% des postes de décision au sein des 3 branches de l’État.
Les collectivités locales d’Amérique latine, nombreuses et dotées de prérogatives étendues, contribuent à la réalisation de l’ODD 5 à travers leurs politiques publiques à l’échelle locale et sont particulièrement réceptives aux accords de coopération décentralisée. Actuellement, 120 collectivités françaises sont engagées dans des projets d’AICT en Amérique latine et Caraïbes (climat, éducation, agriculture, aménagement urbain, participation citoyenne). Néanmoins, la thématique « genre » constitue le thème le moins présent dans les projets d’AICT entre la France et l’Amérique latine.
Buts et objectifs de l’atelier :
Afin de renforcer l’intégration de l’ODD n°5 dans les politiques publiques des collectivités et favoriser l’échange de pratiques innovantes, nous répondrons aux questions suivantes :
Quels sont les nœuds structurels de l’inégalité de genre en Amérique latine et Caraïbes ? De quelle manière la prise en compte d’une approche genrée des politiques publiques contribuent-elle à la résilience et au développement socio-économiques des sociétés latino-américaines ? Comment les collectivités territoriales françaises peuvent-elle favoriser l’autonomisation des femmes en Amérique latine au moyen de l’AICT ? En quoi l’AICT sur la thématique Genre peut-elle permettre l’importation de pratiques innovantes pour les collectivités françaises ?
Dans un objectif global de renforcement de la coopération décentralisée entre la France et l’Amérique latine sur la thématique « Genre », cet atelier Genre des RAICT aura pour but de :
Enjeux :
Problématique : Comment intégrer davantage la thématique du genre dans les projets de coopération décentralisée entre la France et l’Amérique latine ?
Ordre du jour prévisionnel
Introduction :
1) Panorama et enjeux du genre en Amérique latine
A) Panorama global de la région ALC
Faire un état des lieux des problématiques de « genre » et de leurs enjeux à l’échelle régionale. Identifier un ou deux intervenants ayant un profil généraliste (Think tank féministe tel que IGG, un rédacteur du Quai d’Orsay, ou un expert de la CEPALC, si une visioconférence est possible).
B) Études de cas au local :
Présenter des politiques publiques de « genre » mises en place par des CT latino-américaines, dont les résultats sont particulièrement inspirants. Celles-ci devraient idéalement couvrir les trois dimensions de « l’autonomie de genre ». Inviter des représentants de CT ou d’organisations latino-américaines (Mercociudades, Intermedias) ainsi que des ONG (Apoyo Urbano).
a. Autonomie Physique
b. Autonomie économique
c. Autonomie décisionnelle.
2) Quel rôle pour l’AICT dans le renforcement
a) État de l’art de projets de coopération décentralisée « Genre »
Présenter les projets de coopération décentralisée fléchés « Genre » entre les collectivités territoriales françaises et latino-américaines. Mettre en avant leur potentiel et les besoins spécifiques dans les différentes sous-catégories des projets « Genre ».
b) AICT : importation de bonnes pratiques en France
Exposer un ou deux projets de coopération décentralisée France-Amérique latine, en invitant une ou deux collectivités françaises (Nantes, Limoges, etc.) ou latino-américaines (visio), afin de discuter du principe de réciprocité et des échanges de bonnes pratiques entre CT.
Contacts :
Amandine Casca : a.casca@cites-unies-france.org
Thomas Lanvin : t.lanvin@cites-unes-france.org
[1] CEPAL. Introduction au rapport sur l’égalité de genre en Amérique latine et les Caraïbes. CEPAL, 2022
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